Ici, ne sont que des maux, des doutes aussi...
Les jolies choses, les éclats de rire, les joies, je les garde précieusement, égoïstement, au fond de moi, comme un trésor que l'on préserve du temps....
Ici ? Un simple exutoire... Des bouts de vies, des bouts d'envies, des cris d'écrits, des peines... Au fil de mes jours... Au fil de mes émotions...
A toi qui liras ces lignes, j'ai juste besoin de hurler parfois... Mais je vais bien ne t'en fais pas...

IsabelleC.

dimanche 20 août 2006

Lettre à...

Je viens de finaliser mes mots
de mettre un point final au manuscrit que j'écris depuis dimanche
non, pas assez long pour parler de manuscrit
un essai
quelle justesse du terme !
un essai 
un essai d'écriture
mais surtout un essai de vie 
un essai d'amour
un essai de moi
et je me sens si étrange
j'ai tout sorti de moi
je n'ai plus rien à l'intérieur
je suis vide, vidée
je suis soulagée aussi, un immense soulagement
un bonheur, une grande fierté d'avoir réussi
fière de l'avoir fait !
mais en même temps, comme anéantie
quel exercice difficile !
avant, le temps de vivre toute cette histoire qui est la mienne
pendant, la force de revivre les maux
pendant, trouver les mots justes
pendant, comme accoucher de tout ce qui est Moi
il ne me reste, en moi, que du vent
j'ai froid
un grand courant d'air glacé dans ce vide qui m'envahit
ce vide que je ne connais pas
ce vide qui me terrifie
j'ai très envie de pleurer et m'endormir
je voudrais pleurer et m'endormir
je n'y arrive pas

Toi,
j'ai besoin de pleurer et m'endormir dans tes bras
non pas l'éventuel amant
mais l'homme blessé, meurtri
l'homme blessé que j'ai écouté
l'homme blessé à qui j'ai donné mon énergie, mon temps
le plus volontiers du monde
la douceur de ma voix, de mes paroles
le plus tendrement possible
l'homme blessé à qui j'ai donné un peu de moi
beaucoup de moi, même
beaucoup de moi-même
le plus sincèrement que je pouvais
dans mes silences
dans chacun de mes silences
l'homme blessé, qui par ses souffrances peut peut-être comprendre les miennes
qui pourrait comprendre le silence dont j'ai besoin pour accompagner mes larmes
un silence emplit de douceur
un silence assourdissant
un silence criant de tendresse
pas d'amour ambigu empli de désir ou je ne sais quoi,
quoi que pourquoi pas après tout
mais d'abord et surtout de la tendresse, de l'affection, de la douceur, une protection
tu es tellment embourbé dans la difficulté de ta propre vie
que comme énormément de gens dans un tel schéma
tu ne peux que demander à ce qu'on te prenne un peu de tes poids
mais tu ne prendras pas un peu des poids de quelqu'un d'autre
égoïsme, protection... on peut tout imaginer
mais je ne veux pas te juger
parce que je n'ai pas toujours été à l'écoute moi non plus
ne pas avoir cet échange aujourd'hui me rend triste
et je t'ai tellement innondé de mots depuis quelques jours que je n'ose plus t'appeler
je ne t'ai pas laissé le temps de respirer
je t'ai étouffé sous mes phrases qui pourtant se voulaient rassurantes et encourageantes
encourageantes à venir vers moi comme tu l'entendras, à ta vitesse, quand tu voudras
mais comme tu l'entendras pour Toi, quand Tu es en demande !
pas pour Moi, quand j'ai besoin Moi de Toi !
j'ai besoin de Toi maintenant ! tout de suite ! là !
c'est si déroutant ce que je viens de faire !
tout ce que je viens d'arracher de moi !
j'ai été étouffante, j'en suis bien consciente
je m'en veux, mais j'ai pas géré
tout sortait si vite, je n'arrivais pas à stopper les mots
ils s'échappaient de moi, trop vite
trop
trop de mots
trop de tout ce qui fait peur
trop d'un coup
comment te dire ?
et comment te le dire ?
en te renvoyant encore un mail avec ces quelques lignes que je viens d'écrire ?
ben voyons !
et si tu le lis, j'aurai une sacrée chance !
non, attendre si j'y arrive
attendre que tu rappelles quand tu seras disponible,
que tu voudras donner un peu de toi quand tu auras envie de me donner un peu de tout ça
attendre... toujours attendre...
toi, je t'attends...

J'ai une impression étrange
comme si j'étais en pleine grippe avec 40° de fièvre
pourtant je n'ai pas de fièvre et mes jambes flagellent
et mes mains tremblent
et j'ai surtout froid
et l'impression qu'on m'a arraché la peau
j'ai mal 
mal au corps, mal au cœur, mal à l'âme, mal à la solitude
et en même temps, la sensation que je ne pourrai supporter personne à mes côtés
j'ai l'impression d'avoir encore fait un effort énorme
comme le ver qui creuse la terre pour se frayer un chemin
est-ce ça qu'on appelle le mal de l'écrivain ?
ce mal que Philippe Djian décrit dans ses romans
j'ai avancé depuis trois jours
je ne sais pas de combien mais j'ai avancé
c'est épuisant
c'est éreintant, harassant, exténuant
c'est éprouvant, trop éprouvant
ça fait mal
je sais que c'est ce qu'il faut, mais je n'arrive pas à m'en réjouir
je n'arrive pas à me dire que c'est bien ce que j'ai fait
tout ce que j'ai sorti de moi
comme si je préférais avant
comme si je me sentais perdue sans tous ces mots, sans tous ces maux
sans toutes ces phrases à l'interieur de moi entrain de me ronger

Toi
j'ai envie que tu t'occupes de moi, un peu
quelques heures, un jour, ou deux jours, une nuit ou deux
comme quand, enfant, j'étais malade et qu'on s'occupait de moi
j'ai envie que tu me cajoles
que tu restes à côté de moi
que tu me serres dans tes bras
que tu me fasses l'amour de la plus belle des façons jusqu'à ce que je trouve le sommeil
et que tu me protèges
de quoi ? de rien, de tout
c'est puéril peut-être, enfantin pourquoi pas
mais c'est ce dont j'ai envie
non, pas envie
besoin oui, besoin
besoin pour me sentir de nouveau vivante
serre-moi très fort, très très fort...
mais tu n'es pas là
alors j'écris
je t'écris
je t'écris tout ce que j'ai envie de te dire
tout ce qui me passe par la tête sans faire attention à ce que tu pourrais en penser
inutile, puisque tu ne liras pas
et comme ça, j'ai l'impression que tu es là
aujourd'hui, c'est moi qui ai besoin
remarque, si tu attends un peu, ça va me passer
ça me passe toujours
ça passe toujours tout seul, toute seule

Je sais comment décrire ce vide que je ressens
ce vide d'avoir tout écrit, toute mon histoire
j'ai l'impression qu'une partie de moi-même m'a été arrachée
arrachée par moi-même
un peu comme quand on est quitté par un Amour qu'on croyait près de nous pour toujours
et qu'on se rend compte qu'il s'en va par notre faute
cette sensation de s'amputer d'un bout de soi
cette sensation de perdre un bout de soi
un bout de son coeur
un bout de son âme
un bout de sa vie
presque toute sa vie
et il faut trouver le courage de continuer
et de se construire un nouveau coeur
c'est ça, que je ressens, d'avoir posé tous mes chagrins
un gigantesque chagrin d'amour
un gigantesque chagrin de vivre
et un gigantesque espoir de Vie !

Toi,
je voulais te dire Merci
car si j'ai pu rédiger toutes ces pages
c'est un peu grâce à toi à toi, à tes douleurs
et à tes écrits
"Ecrire, m'écrire, t'écrire, quelle est la différence ?"
merci à Toi
maintenant, il me faut me construire une nouvelle vie
je la veux belle cette nouvelle vie
une très belle vie ! OUI !!!

IsabelleC.
le 23 août 2006

Aucun commentaire: