Ici, ne sont que des maux, des doutes aussi...
Les jolies choses, les éclats de rire, les joies, je les garde précieusement, égoïstement, au fond de moi, comme un trésor que l'on préserve du temps....
Ici ? Un simple exutoire... Des bouts de vies, des bouts d'envies, des cris d'écrits, des peines... Au fil de mes jours... Au fil de mes émotions...
A toi qui liras ces lignes, j'ai juste besoin de hurler parfois... Mais je vais bien ne t'en fais pas...

IsabelleC.

samedi 25 octobre 2008

A Katherine Pancol

Elle
Encore Elle
Encore Elle et ses mots
Encore Elle et ses histoires
Encore Elle et ses personnages
Cette fois-ci, ils n’ont pas de prénom, ou trop peu, qui ne font que passer sur trop peu de pages, excepté ce nom empli de force, de rage, d’encouragements aussi, d’espoirs… Forza…
Cette fois-ci, c’est encore plus fort que la deuxième fois
Cette fois-ci, c’est encore plus fort que ce cri sourd : « embrassez-moi »
Cette fois-ci, « j’étais là avant »
Comme si j’étais là avant certaines de ses phrases
Comme si elle m’avait entendu lui raconter et
comme si elle n’avait fait que les écrire pour moi, grâce à moi, à cause de moi
Présomptueux, évidemment, évidemment que ce n’est pas pour, grâce ou à cause de moi
Mais, que ça résonne en moi encore une fois !
C’est incroyable
Ça m’en fait mal
Ça m’en raisonne, trop d’un coup
Ça m’en fait éclabousser le silence de ma lecture par des sanglots qui ne demandaient que ça depuis longtemps : sortir de moi, et danser devant moi en me criant « on est là, on ne te lâchera pas, rêve pas ma belle ! »

Le livre, un crayon : à nous deux Katerine
Hier vendredi, j’étais Angelina dans sa folie… et j’étais Mann, à l’attendre…
Hier vendredi, je me prenais à rêver « et monter lentement dans un immense amour »
Hier vendredi, passé tout entier avec vous, avec eux deux, avec aussi Madame Rosier, Monsieur Despax, j’aurai tellement voulu qu’on vienne m’enlever le jour de mon mariage…
Il y a quelques mois, je criais aussi fort qu’Angela « embrassez-moi » à qui voulait l’entendre
La toute première fois, j’ai eu peur des « yeux jaunes des crocodiles », j’ai eu aussi peur qu’elle de ne pas y arriver quand il l’a laissée avec les filles, pour partir avec l’esthéticienne à l’autre bout du monde, rejoindre les crocodiles, heureusement elle avait ses mots pour avancer
Et aujourd’hui, oui, « j’étais là avant »
J’étais là avant cette jeune femme sans prénom, moi aussi à courir après l’amour, et à le détruire dès qu’il semble montrer le bout de son nez, impuissante face à ce mal qui me ronge et dévaste tout : la peur
J’étais là avant aussi, à me précipiter dans des histoires contre des corps qui n’étaient pas les bons, et pourtant Dieu qu’ils étaient bons ces corps qui m’ont étreinte, qui m’ont enlacée, qui m’ont embrassée, à qui je me suis offerte, qui ont fouillé mes entrailles, à qui j’ai donné tout mon corps, rien que ça, rien de plus, faut pas trop en demander

Et puis Lui, Jean-Yves
A Lui, j’ai donné toute mon âme, toute ma vie, tout ce surplus dont il n’a pas voulu, mon corps lui a suffit, il m’a laissée avec tout le reste, c’est vraiment bête, tellement idiot, pour une fois que la peur n’était pas là, en tous cas pas avec moi, avec lui peut-être, mais pas avec moi…
Lui, Noël dernier, le soir on a fait l’amour sur la plage du Négresco
Lui, Noël dernier, le lendemain, il m’a aidée à me trouver belle, grâce à ses photos de moi, grâce à nos photos ensemble, lui le photographe, moi son modèle

Le livre, un crayon : à nous deux Katerine, accompagnez-moi
Je lis
Je marque
Je ne veux rien oublier
Je n’en suis qu’à la moitié du livre…

« Je n’arrive pas à aimer les hommes.
« Oh ! J’arrive à les séduire, à les circonvenir, à me jeter contre eux, à les caresser, à leur offrir le plus profond de mon corps, mais je ne les aime pas. Je ne leur donne jamais accès à une once de mon intimité. Par intimité, j’entends tout ce qui est moi, secret, verrouillé, interdit. Je ne comprends pas mon corps. Je suis plutôt généreuse avec lui. Je l’offre facilement.
« Les hommes… Je les prends quand l’envie de me fondre dans un autre corps, dans d’autres mots, dans d’autres projets, sont trop fortes, quand le besoin de deux bras autour de moi est impérieux, qu’il gèle dans mes rêves et mes entrailles. Je m’élance vers eux, m’accroche à leur bras, leur promets mille félicités, mille bonheurs domestiques ou exotiques… pour m’éloigner sans me retourner dès que je suis rassasiée.
« Je leur donne tout pour tout reprendre aussitôt. Je m’ouvre les veines pour les convaincre de ma sincérité et n’attends même pas d’avoir cicatrisé pour les rejeter. Je répète à satiété que je n’ai pas besoin d’eux pour vivre et que je suis très bien comme ça. Seule. Sans homme. Ce n’est pas vrai : l’homme est un ennemi dont je ne peux me passer. »
Je me reconnais tellement, que j’en ai peur. Je ne sais pas faire autrement, je ne peux pas. Je me déteste mais je ne peux pas faire autrement

« Mon corps s’ouvre, s’offre. Jette des défis. Tous les coups sont permis. Il n’a jamais peur. Il n’a pas de mémoire. Il ne se dit pas j’ai déjà fait ça cent fois, à quoi bon ? Ou c’est stupide, c’est ridicule, reprenons-nous, ayons l’air de… Il n’a pas d’air. Il y va fièrement, bravement, hurle, se tord, affronte, dessine de furieuses arabesques, invente, explore. Explose. Si généreux, si oublieux du qu’en-dira-t-on. Il se régale et se dépense, sans s’économiser. Il a de l’appétit.
« C’est après que la peur se profile. Quand il s’agit d’entrebâiller son âme, de laisser pénétrer un étranger dans son intimité. C’est l’heure des échanges, on abandonne un bout de son territoire pour que l’autre y pose sa brosse à dents ou ses incertitudes. »
Mon corps est toujours le plus fort, même si je me dis que la prochaine fois, il ne gagnera pas. Pour le reste… j’ai tellement peur à chaque fois, que j’étouffe, vite trop vite trop fort

« Pourquoi est-il plus facile de donner de l’amour que d’en recevoir ? »Mais d’abord, comment fait-on pour en donner ?

« - Mais je crève d’être seule… J’en crève. J’ai renoncé, c’est tout. Je suis une femme sans avenir. Tu as remarqué comme c’est froid un plateau-repas ou une télé ? »Oh que oui, c’est froid une télé, un ordinateur aussi… Plein de gens, de vies, d’histoires en dedans, mais en dehors, juste soi et sa solitude, sa saleté de solitude

« J’étais amoureuse. Je ne savais pas de qui mais tout mon être réclamait de l’amour, vibrait tendu vers cet embrasement qui m’échappait sans cesse et dont je n’avais pas le mode d’emploi. »Ce cri : viens, je t’aime, toi… I love you… ti amo… viens, je t’aime… qui ?… I love… who… chi amo… viens, je..aime… personne…

« Tant il est vrai aussi que ce qui vous saute aux yeux, vous irrite ou vous tord les entrailles est le reflet exact de vos propres manques, défauts ou souffrances que vous vous obstinez à nier, à mettre de côté. »C’est si effrayant, de se dire que c’est soi qui nous repousse comme ça… Alors quoi ? Changer soi pour accepter l’autre ? Serait-ce une des solutions ?

« Aimer… ce mot bateau qui prend l’eau de partout. Même le Petit Robert y perd sa clarté. C’est quoi aimer ? Qui est le « je » qui dit « je t’aime » ? A qui s’adresse-t-il ? Que demande-t-il en échange ? Ou bien est-ce gratuit ? Le serment d’une seconde ou d’une éternité ? Une bulle de trois mots qui crève lors d’une étreinte réussie, d’un manque comblé, d’un rêve d’enfant exaucé ? Et d’où nous vient notre manière d’aimer ? Sommes-nous les seuls ouvriers de cet échafaudage branlant ? Qui a mis en place les traverses et les boulons, les poulies et les planches où nous avançons en aveugles tâtonnants, persuadés d’être libres et conquérants ? »Une réponse ? Aimer c’est quoi ? Aimer comment on fait ? Aimer, pour quoi faire ? Aimer, pourquoi ?
« Aimer, c’est comprendre et sentir que l’Autre est différent. » Swami Prajnanpad
Mouai, tu parles… Encore un précepte, une sagesse pour ceux qui savent… Pourtant cette phrase, elle sonne tout doux à mon cœur… Il ne me reste qu’une seule chose à faire : juste trouver comment on fait

« La vie ! Mon point de vue sur la vie ! Si je le savais au moins ce que je pensais de la vie ! Ce serait tellement plus simple ! Je regardais à l’intérieur de moi et ne voyais personne.
« Je ne pensais pas, je réagissais. Tour à tour agressive, hostile, soumise, lâche ou peureuse. Un petit animal à l’état sauvage qui flaire le danger, égorge les poules et file dès qu’on veut l’approcher. »
« C’est en trouvant la Paix avec soi, qu’on peut vivre en Paix avec les autres. » Dalaï Lama
Ok. Alors vite, un plan de soi-Moi. Je suis où là ? Je suis en plein courant d’air au croisement de la rue de Nice et de la place des souvenirs, tout près de l’impasse Jean-Yves-Mon-Amour. Avant, je ne sais pas. Après, je ne sais pas non plus. C’est où la rue de la Paix sur mon plan ? Et il n’y a même pas un index des rues, je suis complètement perdue, comment je vais faire…

« - Leçon numéro 2 : si vous n’avez rien à dire, ne le dites pas. N’étoffez pas votre ignorance à grands coups d’éloquence. Si vous peinez à décrire des toits de chaume et des champs d’iris, des intérieurs bourgeois et des armoires normandes, ne le faites pas. Ce n’est pas vous. Allez dans ce que vous vous sentez capable de faire. Style et structure sont l’essence de l’écriture, les grandes idées ne sont que foutaises… »J’aimerai écrire… J’aimerai savoir raconter l’indescriptible, ne serait-ce que pour le sortir de moi, le jeter hors de moi, le balancer hors de mes demains…

« Mais je ne sais rien de la vie. Je la subis en donnant des coups de dents, au hasard, pour me défendre. Je suis impatiente, violente parfois, méchante. Je déteste ce monde où je n’ai pas ma place. Je déteste les gens qui ont l’air si à l’aise dans ce monde où je n’ai pas ma place. Je les déteste et je les envie. Comment font-ils pour parler, pour s’exprimer, pour avoir la peau si nette, les cheveux si bien coiffés ? Qu’est-ce qu’ils ont mangé ? Avec quel savon se sont-ils lavés ? Quels livres ont-ils lu ? Qui les a écoutés quand ils ont prononcé leurs premiers mots ? Qui les a encouragés, applaudis peut-être ? Il sont nés tout armés. Protégés et sûrs d’eux. Je fais tout pour leur ressembler et je ne réussis qu’à les singer. Je suis une pauvre imitation de ce que j’imagine qu’il faut être. Je fais semblant tout le temps. Je deviens blonde, toute blonde. Le visage beige, tout beige. Le sourire éclatant, tout en dents. Et je n’attrape que des bribes de cette vie qu’ils semblent maîtriser avec tant d’aisance. Leur place est réservée, je me tiens debout, en équilibre, en liste d’attente. »Au premier jour, pas le bon berceau, pas la bonne vie, pas celle que j’aurais aimée –pas celle qui m’ira, ça se voit à la longue, je ne sais toujours pas quoi en faire, elle est bien trop petite… mais qui… l’enfant ? ou la vie qu’on lui donne ?–… Mais la mienne, et je dois faire avec, on compose toutes les deux, elle et moi… Un jour après l’autre, une note après l’autre, une blanche, deux noires et encore d’autres croches, trop, doubles, triples, si peu de rondes, un soupir puis un silence, puis un autre puis encore un autre… Une autre mesure, une autre danse… C’est mon chemin ça ? Et j’ai fait quoi dans mes vies antérieures pour mériter ça ?

« La vie m’a cogné dessus, je lui cogne dessus, et je ne comprends rien. Ça revient au même. »
Et à la fin, qui gagne le match ?

« - On ne sait jamais, je me disais, c’est peut-être le bon… J’avais tellement envie qu’on m’aime et qu’on me regarde.
« - Tu étais prête à l’habiller de toutes les qualités, tu le transformais aussitôt en homme parfait et le hissais haut en sommets. Il ne pouvait que dégringoler ensuite et toi, tu le détestais, tu étais malheureuse d’avoir été flouée. Mais tu t’étais flouée toute seule…
« - Je ne tombais pas amoureuse parce qu’il était séduisant, plein de fric ou puissant mais parce qu’il me regardait… S’il me regarde, c’est que je vaux quelque chose. S’il me regarde, je déplacerai des montagnes pour lui. »

Et j’ai fait du mal, j’ai détruit, plusieurs fois. La dernière fois, il n’y a encore pas si longtemps, quelques jours seulement… Je me déteste, je me hais, mais je n’arrive pas à m’en vouloir… Je fais ce que je peux… Ce n’est pas volontaire… Et la fois d’avant, je n’ai pas voulu faire autant de mal, je me suis seulement défendue, je ne me suis pas laissée bafouer, pas cette fois

« - Tu as mal à la tête ?
« Il est parti quelques jours. Je dors, entourée de ses cadeaux, enveloppée dans son écharpe noire, sa chemise noire [liberté personnelle], son odeur d’aisselle brûlée, le téléphone dans la main.
« - Je t’envoie un chèque pour l’aspirine…
« Il s’occupe de moi. Se penche sur mon berceau. Ses mains ruissellent d’offrandes. Je suis son enfant, son nouveau-né, je me recroqueville dans sa paume. Puis il me prend dans ses bras et devient un autre, mystérieux, terrifiant parfois ou si doux, violent ou patient, m’entraînant dans une multiplication de mon être que je découvre, stupéfaite. Jamais le même, jamais la même. Je touche du bois pour que ce bonheur dure et que personne, personne ne lui coupe les ailes. »
Je touche du bois, pour le rencontrer ce bonheur, celui qui fait vibrer, celui qui fait vivre, celui qui n’étouffe pas, celui qui aide à respirer, celui qui apaise… Celui qui aide à rêver de jolies choses… Celui qui fait Être. Je touche du bois, je croise les doigts, je ne passe pas sous les échelles, j’évite les chats noirs… Quoi d’autre ? Et si j’allais allumer des cierges, peut-être… Trouver de toute urgence un trèfle à quatre feuilles… Ou alors, si j’arrivais tout simplement à croire en Moi et à Me faire confiance… Mais je me suis tellement déçue…

Je ne suis pas encore allée plus loin…
Il est tard, demain la journée s’annonce longue
Je reviendrai demain soir

Je n’ai pas pu
Je n’ai pas pu refermer le livre
Je suis allée au bout
J’ai lutté contre le sommeil
Lire la fin de l’histoire
ou fermer le livre et dormir… non, ça je ne peux pas
Aller jusqu’au bout de toutes ces résonances
Oui
Aller jusqu’au bout de toutes ces prises de conscience que vous éveillez en moi dans chacun de vos écrits
Surtout celui-ci
Il résonne, il me raisonne
Le choc est violent
Mes petits rouages, ces petits repères que j’ai eu si mal à bâtir, sont bien fragilisés, explosés pour certains, complètement disloqués
C’est douloureux, mais ça me fait avancer
Ça me secoue avec force, ça me remue trop fort
Mais il faut que j’aille jusqu’au bout ce soir, ou cette nuit, peu importe, mais maintenant

« Il ne faut pas me dire des choses brusquement, comme hier, dans le salon de thé. Je ne peux pas les entendre, je ne suis pas prête. Ne me donne pas de l’amour à grandes louchées, je ne peux pas l’avaler. C’est comme si tu gavais un affamé du Sahel, tu le ferais crever. »Vous êtes sûre que c’est de l’amour ? Je n’appelle pas ça de l’amour, j’appelle ça de l’escroquerie, de l’abus de pouvoir, de la corruption de l’autre, pour se l’approprier, faire de l’autre sa chose. Non, je ne peux pas. Le dernier a essayé, j’ai vraiment pas pu. Laissez-moi ma liberté, même si elle est trop lourde des fois, ma liberté de « Mademoiselle »… Laissez-moi mes ailes, s’il vous plaît.

« Aimer, je ne sais pas, j’imagine, j’essaie de savoir avec toi… Aimer, c’est savoir ce dont l’autre à besoin et dans quelle quantité. Ne pas le bousculer, ne pas le prendre d’assaut. Ce n’est pas seulement répondre à ton besoin de donner, d’aimer, c’est s’adapter à l’autre. Je ne peux pas prendre tout ce que tu me donnes en insistant si lourdement. Cela me donne envie de régurgiter… Je t’en supplie : écoute-moi, sois patient, avance lentement… »
Aimer c’est s’adapter à l’autre, c’est l’accepter comme il est et non pas comme on voudrait qu’il soit, pas comme on l’idéalise, pas comme on le fantasme. Mais alors comment trouver la justesse d’aimer l’autre comme il est tout en ne se limitant pas dans nos désirs ? Comment aimer sans tomber dans l’abnégation ?

« Le manque ne se laisse pas rabrouer. Il s’installe en maître. Il s’infiltre dans son royaume : l’imagination. Il produit des diapos, des photos, des instantanés qui glacent le sang. »
[…]
« Le manque de toi devient alors violent.
« Il m’emmène dans une dérive où je n’ai plus le goût de rire, de chanter, de m’étirer au soleil, de suçoter le coin négligé d’une tartine, de faire le clown pour refiler aux autres un peu de mon bonheur. Je suis triste soudain, rabougrie, éteinte. Recroquevillée, exsangue. Le manque est trop fort. C’est lui le maître. Il veut toute la place et efface le souvenir des plaisirs et du bonheur partagés. Je suis le manque tout-puissant, vous devez trembler devant moi, tout me donner car je suis insatiable, un ogre, un vampire, un serial killer de bonheurs avoués et énoncés à haute voix.
Il s’infiltre dans le cœur de sa victime et lui suce l’humeur qu’un instant auparavant elle avait rose et tendre. Elle pensait à lui, le seul homme au monde, à la seule chair délicate à déguster, la seule âme »
[…]
« Et il l’arrête net, d’un coup d’épingle. Il l’écartèle et la pique de part en part.
[…]
« La souffrance m’étourdit comme un violent plaisir, pour me laisser pantelante, le cœur dévasté mais sûre d’exister, de me torturer pour lui.
« Toujours lui, encore lui….
« Le manque accomplissait son travail inexorable et je n’avais pas la force de lui résister. »
Après tout ce temps, bientôt un an, il me manque encore. Ce manque je le sens dans tout mon être, dans tout mon corps. Après bientôt un an d’une passion qui n’aura duré physiquement que dix jours. Les dix plus beaux jours de toutes mes histoires d’amour… Pourquoi ça fait si mal encore maintenant ? Et cet autre soir, il y aura bientôt 3 semaines, où j’ai vu son nom à la télé, un sujet du 20heures de France 2, moi qui ne regarde jamais les informations, pourquoi ai-je allumé le téléviseur ce soir-là ? Et comme par hasard ce soir-là un sujet par une des équipes d’Antibes, et comme par hasard aussi, son équipe… Son nom à la fin du sujet… Un coup d’une violence inouïe bien que je l’ai vu arriver ce coup, dès que j’ai entendu la voix de la journaliste, Nathalie, je la connais bien cette voix. Je l’ai vu arriver mais je ne pouvais pas zapper ou éteindre, non, c’était impossible, voir son nom c’était le revoir un peu lui, ne surtout pas zapper, non ! Le reprendre quelques secondes tout contre moi. Un bonheur glacial, les doux souvenirs et puis le manque insupportable. Alors ce sms que je lui ai envoyé « coucou, bonne nouvelle tu n’es pas mort […] ;-) bises ». Et lui de me répondre deux jours plus tard, en substance « je vais bien, je suis amoureux […] et toi comment tu vas ? »
Amoureux… a-m-o-u-r-e-u-x… ces quelques lettres, elles sont 8, accrochées les unes aux autres se sont jetées violemment dans mes yeux, elles ont percuté mes rétines, elles ont forcé le passage jusqu’à mon cerveau qui lui s’est vite dépêché de transmettre l’information à mon cœur. Panique, alerte, comment je fais ? J’ai froid tout d’un coup, mon sang se glace, je me tétanise, je ne peux plus bouger, je deviens sans doutes livide, je n’arrive plus à respirer. Rappelez-moi comment on fait pour respirer, je ne sais plus. Et je me dois de sauver les apparences, comme si de rien n’était, je suis au bureau, et ma vie privée ne regarde strictement personne. J’ai envie de hurler, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de te traiter de tous les noms, de t’étrangler, de t’embrasser, de te dire qu’elle ne t’aimera jamais aussi fort que moi… Et puis tu me disais que Lyon était trop loin de Nice, que tu ne voulais plus de kilomètres entre toi et ton élue… Tu habites toujours à Nice, elle habite à… Strasbourg… Et puis elle est déjà mère, et puis elle fait le même métier que toi, et puis elle n’a pas de problèmes de fric, et puis elle est aussi vieille que toi, toi qui n’est pas vieux, non, tu n’as que 42 ans, mais elle si, j’en suis sûre, ridée de partout, et flasque, et dégringolante de cellulite… Te fait-elle aussi bien l’amour que moi ? Moi que tu disais ton « idéal sexuel » et ça m’allait si bien même si c’était tellement réducteur, pour moi c’était déjà ça… L’as-tu vue, elle, te donner son plaisir comme je t’ai donné le mien, dans les grands miroirs de ta salle de bains, ou de ta cuisine ?… Et j’ai répondu à son sms « comment je vais ? j’ose même plus regarder le JT de France2 tellement j’ai eu mal de voir ton nom la dernière fois. cette nuit tu étais dans mon rêve, ça faisait longtemps, et ça fait toujours aussi mal. alors j’essaie d’avancer, j’essaie d’aimer ou de faire semblant. mais ça marche pas… ». Plus de deux semaines… Je n’ai pas eu de réponse… Etonnant… Et tu ne me répondras jamais, parce qu’au final, je ne compte pour toi pas autant que tu as voulu me le faire croire… Et cette idée me tranche le cœur, m’anéantit, ruine tous mes efforts pour essayer d’avancer. Comment je vais faire sans toi même loin ?

« Sans ton regard attentif et brûlant, sans tes bras autour de moi, je ne sais plus marcher, je ne sais plus parler, je ne sais plus écrire. J’ânonne la vie comme une enfant qui apprend à lire. »Sans lui je ne sais pas vivre, je suis seulement en survie. Les six premiers mois, je ne tolérais même pas qu’un homme puisse me toucher. Je devais réapprendre à respirer, à me laver, à marcher. J’avais repris le travail, je n’ai pas pu tenir plus de six semaines. Je n’avais même plus la force de m’occuper de Berlin, mon chien d’assistance que j’éduquais, je l’ai rendu à son association la veille de mes 33 ans, le 5 mars dernier. Berlin qui est arrivé dans ma vie un 13 février, en 2007, et que j’aurais dû rendre un 10 novembre, l’année suivante, dans quelques jours en fait. Je suis tombée enceinte un 13 février, juste avant mes 30 ans, j’aurais dû accoucher un 10 novembre, et là aussi j’ai décidé de tout arrêter en route, au bout de huit semaines, parce que je n’avais déjà pas la force. C’est curieux comme les schémas ou les dates se perpétuent, de façon plus ou moins flagrante, plus ou moins violente, mais toujours…

« Elle ne ressentait rien. Rien qu’une vague gêne de voir un homme pleurer. Ça ne pleure pas un homme…
« Ou alors ça pleure pour de vraies héroïnes, pour de nobles causes. Pas pour quelqu’un comme elle. Elle n’en valait pas la peine. S’il était intelligent et fort, il le saurait. »
Et un autre homme pleure maintenant… Je lui ai dit dès le départ que je n’en valais pas la peine, il a insisté… Tant pis… Je n’y peux plus rien…. Je l’avais prévenu. Je n’aime pas ça, je déteste ça, mais c’est ainsi.

« Et dix ans après je recommence. »
C’est curieux, c’est ici, aux ¾ du livre, que je prends conscience que vous écrivez à la première personne, «Je». Seulement ici…

« J’étais si seule avant de le rencontrer. Avec lui, j’ai plongé dans une intimité dont je ne peux plus me passer. »
Les dix plus beaux jours de toutes mes histoires d’amour, lui, moi, nous, ensemble, nous deux… Nous… Je n’avais jamais dit «Nous» comme ça… Jamais…

« J’ai tout compris. Ma rage assassine, mon envie de tuer les gens qui m’approchaient et qui voulaient m’aimer. Je ne voulais pas qu’ils m’aiment, je voulais que TOI, tu m’aimes. TOI, TOI, TOI »
Mon père… Ma mère aussi… Les deux… Je suis boiteuse des deux côtés

« Ce soir-là, en un éclair, je me suis retrouvée seule face à moi. »
Cette nuit à vous lire, en un éclair, je me suis retrouvée seule face à moi, mais j’ai senti un vide se combler, un point d’interrogation se transformer en point d’exclamation. Merci Katherine, merci de tout mon cœur, de toute mon âme, de tous mes amours, Merci ! Même si j’ai maintenant l’impression que tout est bancal et que je vais sûrement avoir très envie de retourner à avant, avant vous avoir lue, avant que ce point ne se transforme… Par facilité, fuir… Je vais batailler, cette guerre contre moi-même va être longue et difficile… Je n’ai qu’une certitude : quelle qu’en soit l’issue, j’en serai toujours la gagnante, puisque cette guerre, je la mènerai contre moi, et avec moi

« Je ne la déteste plus, je n’attends plus rien d’elle, je la respecte. Je respecte son mal-être mais je reste à distance. »
Rien à rajouter, si ce n’est que je la respecte, ma mère, et je le respecte aussi, mon père, et je reste à distance aussi. Du respect rien de plus. Et de la distance, le plus possible, le plus loin possible

« Il faut du courage pour être heureux. Se retrousser les manches et ne jamais renoncer. »
Combien de fois ai-je eu envie de baisser les bras, de laisser tomber. Combien de fois me suis-je dis « c’est pas pour toi le bonheur, c’est pour une autre ». Combien de fois me le dis-je encore… Tiens, Cali vient dans mes pensées fredonner sa première chanson « C’est quand le bonheur »

« Dans une histoire d’amour, on n’est jamais deux face à face, jamais isolés dans un imaginaire libre et généreux. On est tous les autres et toutes les autres qui ont aimé avant nous. Une longue chaîne de forçats menaçants qui nous tirent en arrière et nous lestent de leurs vieux conflits, leurs vieilles fripes, leurs masques grimaçants, leurs cœurs dévastés, impuissants. Nos mères et nos pères, nos grands-mères et nos grands-pères, nos arrières-grands-mères et nos arrières-grands-pères. Ainsi de suite…
« On porte, sans le savoir, leurs peurs et leurs angoisses, leurs rancœurs et leurs haines, leurs élans brisés et leurs blessures ouvertes, leurs espoirs déçus et cette scie meurtrière : on ne m’y reprendra jamais plus, jamais plus, jamais plus. Comme si l’amour n’était qu’une guerre en plus, un règlement de comptes impitoyable, une histoire de succession jamais fermée. Tous ceux qui murmurent à nos oreilles sans qu’on les entende : « J’étais là avant » nous bousculent, s’installent dans nos vies, y déroulent leurs histoires et nous bouchent nos plus beaux horizons. »

Comment faire pour briser toutes ces chaînes ? Les briser pour soi, pour ceux d’après ? Comment ? C’est trop lourd à porter tous ces héritages familiaux, ces héritages transgénérationnels… J’en peux plus moi… Pourtant maman se dit psychogénéalogiste, mais comme on dit, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés

« L’amour c’est quand l’autre vous regarde, pose son regard sur vous et voit, au fond, des pépites que vous ignorez, les exhume et vous les apporte. Pour vous enrichir, vous agrandir, vous rendre libre. Le regard d’amour qui fait de vous une autre, vous donne de grands espaces où galoper ivre de bonheur et de fierté. Je suis moi et je suis quelqu’un de formidable parfois, de moins formidable d’autres fois. »
Avec lui… J’acceptais ce regard qu’il posait dans le mien, ce regard qui me faisant tant de bien… Pour la première fois… La dernière peut-être… Jean-Yves tu me manques, j’ai mal…

« C’est ça l’amour, je me suis dit en ouvrant la fenêtre et en tendant mon visage au soleil. C’est donner des forces à l’autre pour qu’il se sente libre et sûr de lui. »
Et j’en ai tant besoin de forces… Pourquoi je refuse toujours quand on veut m’en donner, et pourquoi je m’obstine à en demander et en recevoir d’hommes qui n’en ont qu’à peine suffisamment pour eux, ou qui préfèrent tout garder pour une autre… Et des forces j’en ai à peine pour moi, alors je ne peux pas en donner à un autre, c’est impossible…

J’ai terminé le livre, il était presque 3 heures du matin
Je l’ai refermé, presque paniquée en me disant « et maintenant ? qui va me guider ? je vais lire quoi d’Elle ? demain, on sera dimanche, les librairies seront fermées, alors j’irai chez les bouquinistes trouver autre chose d’Elle, de son monde dans lequel je trouve une petite place, autre chose de ses mots qui s’alignent comme j’aimerai tant aligner les miens… »

J’ai lu ce livre à ce moment précis de ma vie, il était déjà depuis quelques mois dans ma bibliothèque, mais je ne l’ai ouvert qu’hier… Il n’y a pas de hasard… Si je l’avais lu un peu avant, il n’aurai pas eu tout ce sens pour moi… Non, il n’y a pas de hasard, vraiment pas.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » Paul Eluard
J’aime quand j’ai rendez-vous avec vous

Katherine, merci

Isabelle


Post Scriptum :

Je réalise que je ne me suis pas présentée, quelle impolitesse de ma part

Je suis Isabelle C., j’ai 33 ans et puis… et puis les détails n’ont aucune importance
Vous m’aviez déjà fait l’honneur d’échanger avec moi quelques mails, et vous aviez lu mon histoire, il y a quelques mois, après que je me sois plongée à cœur perdu dans votre livre « Embrassez-moi »

Et j’ai envie de vous offrir une de mes photos
« Vieux Rose Noir », un titre à plusieurs sens, à chacun de trouver le sien
Une photo faite pour Lui en mars dernier, puis laissée de côté parce que je l’estimais ratée, et je l’ai ressortie de mon « grenier » et l’ai retravaillée il y a peu de temps, sans trop savoir pourquoi
Et je sais maintenant, je sais que c’est cette photo que j’ai envie de poser à côté du message que j’ai reçu de votre livre « J’étais là avant »
Le tirage n’est pas exceptionnel puisque sur mon imprimante, mais si l’image vous plaît, et si vous le désirez, ce sera pour moi un grand plaisir que de vous en envoyer un exemplaire grand format, si vous le souhaitez

La photo, une passion qu’il ma transmise
Une passion ? ou bien pour moi un moyen inconscient d’essayer de le retenir…
Alors je m’y accroche, même si je sais qu’il ne reviendra plus, il ne vient même plus me donner son avis sur les images que je met en ligne sur un site où lui aussi a ses propres photos, dont quelques unes de moi d’ailleurs, de ce jour de Noël dernier
Alors je m’y accroche, je persévère, parce que cette fois-ci, je ne veux pas lâcher sous prétexte que cette passion me vient de lui
Ou peut-être que je ne veux pas lâcher justement parce que cette passion me vient de lui
Que de pensées inextricables, je n’arrive plus à trouver le bout de la ficelle pour démêler la pelote

Voilà
Que vous dire d’autre…

Rien, si ce n’est
MERCI KATHERINE
Merci de me réveiller, de m’ouvrir les yeux, de me secouer parfois
Merci de me mettre face à moi
Merci de ces rendez-vous
Merci

lundi 20 octobre 2008

Ce matin, trop tôt

ce matin trop tôt
5 heures
les yeux grands ouverts
et mon rêve qui me revient
il était encore là cette nuit
lui
lui, toujours là
lui, toujours tellement là après tellement de temps
lui, qui m'a donné ma plus belle histoire
lui, qui m'a volé ma plus belle histoire
lui, qui a sali ma plus belle histoire...
avec lui
lui, qui m'obsède encore bien trop quand je ne m'y attends plus
quand je me crois guérie
lui, qui me hante à chacune de mes rencontres
lui, qui me revient sans crier gare
à chaque fois que j'ai envie de croire que je peux à nouveau espérer
lui, à cause de qui je détruis un autre, bien contre ma volonté
et bien contre tous mes espoirs, saura-t-il me pardonner un jour ?
lui, grâce à son regard je me suis sentie si belle
lui, à cause de qui je me déteste tellement
lui, qui me bouffe tous mes souvenirs
ceux d'hier
ceux d'aujourd'hui
ceux de demain
lui, que je ne peux cesser d'aimer malgré tout ce mal
lui, à qui je dois tellement aussi
lui
et merde...
ce matin trop tôt
j'ai comme encore cette envie inconditionnelle de me tailler les veines...
pas le courage, comme toujours...

IsabelleC. à Jean-Yves